« Il n'est guère que la perception du vide qui permet de triompher de la mort, car si tout manque de réalité, pourquoi la mort en serait-elle pourvue ? »
Cioran, Entretien avec Léo Gillet
Les anges gardiens de noir et de blanc épient bienveillamment les déambulations humaines et consolent la frigidité de leurs sens par l’omnipotence de leurs regards et l'influence de leurs protections ; leur seule présence est déjà le signe d’un désenchantement, comme la reconnaissance de la défaite de l'intention façonnante divine, dépassée par l'impossible gestion de ses remuants rejetons, forcée à mettre en place un dispositif supplémentaire, originellement imprévu. Damiel porte ce poids de la tristesse de son existence et envie ses ouailles humaines quitte à ne jamais pouvoir abolir les impuissances qui le composent et qu’il perpétue. L’espace que Wenders ménage au bonheur est alors toujours l’éventuel résultat d’un processus, d’un retour, l’apaisement déçu après la reconnaissance dévastatrice de l’inanité de chaque geste. C’est la négativité qui gangrène tout le film, l’impossibilité d’une base qui n’ait pas la fragilité argileuse du vide.
Le suicide de l’homme au blouson que Cassiel ne parvient pas à empêcher a dans ce cadre l’ambigüité d’une force peut-être enfin positive : à l’impuissance divine, à l’impuissance de l’ange, aux cris idiots des spectateurs, l’homme isolé par ses écouteurs répond par un monologue aussi dérisoire que ce qu’il quitte, par un saut aussi sportif et décidé que la course absurde d’une histoire qui s’élance sans motrice. Il quitte le cours de sa rivière comme Damiel quittera le flux de la sienne en abandonnant son statut d’ange, en devenant humain : le positif naît de ce saut toujours possible, du vide infini qui abolit les bordures de l’impuissance et offre son étendue à toutes les chutes. Cassiel hurle l’insuffisance des armes et des paroles dont il dispose, il hurle parce qu’il sent ce vertige puissant et séduisant de la chute face auquel il est tellement insuffisant, inadapté ; l’infini surgit et avec lui cette conscience de l’absurdité de l’enclos du monde, immense arène de mise à mort dans laquelle sont déposés des anges comme l’on construit des digues dont on sait qu’elles seront éventrées.
Savez-vous Juliette que ce que vous écrivez de mieux c'est votre twitter ?
RépondreSupprimerMon cher Pradoc, pas d'inquiétude, vous êtes simplement trop bête et trop vulgaire - sauf pour twitter.
RépondreSupprimerIl va y avoir du sang si tu montes dans les tons, Juliette.
RépondreSupprimerFais attention. Je m'en voudrais ensuite si je me laissais aller à ce mépris dont tu fais preuve gratuitement au lieu de t'interroger sur ce qui m'a poussé à faire un peu d'ironie...
Ta critique n'est pas très bonne, comme d'autres que j'ai lu ici sous ton nom. Tu t'exaspères en écrivant. Laisse à ton amie ce soin. Elle a un regard plus tolérant, plus ouvert que le tien.
Toi, tu te sens insultée dès qu'on te désapprouve. C'est s'aider que de cesser le malheur des guerres inutiles, alors qu'il suffirait de se relire...
Je n'ai pas eu à monter dans les tons puisque vous les aviez déjà élevés. Mon mépris n'est pas gratuit mais très motivé, c'est-à-dire qu'il n'a pas attendu vos mots sur cette page. Bonne continuation dans vos ailleurs.
RépondreSupprimerJe suis désolé de vous avoir vexé. Je vous remercie du cadeau de votre mépris, je vais en faire un petit paillasson.
RépondreSupprimerExcusez-moi pour le dérangement. Je n'aurais pas dû commenter votre essai.