mardi 26 octobre 2010

La Vie au ranch




« Il y a des terreurs que je ne veux pas subir. »
Paul Gadenne


Quand un film est mauvais, pour dénicher la nécessité d’en parler, je connais bien cette tendance valable qui consiste à le rendre dangereux, à faire que sa nullité soit au moins porteuse de quelque chose de grave, d’un travers de la société, d’une dérive discrète ou au contraire d’une énormité qui passe. 
Et mine de rien, sans trop d'arrogance pourtant, La vie au ranch a l’agressivité de ces choses qui aplatissent, celles qui se pensent dispensées de donner une forme et du sens à ce qu'elle saisissent et qui propagent donc ce vide fidèlement, presque avec militantisme, comme si des choses se disaient et existaient là où chacun joue en fait à mimer ses travestissements de dilemmes psychologiques à deux balles, à fomenter d'impudiques péripéties, ternes comme un thé dont on n'aurait jamais changé le sachet.

.

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas vu La Vie au ranch, par contre je me pose une question : penses-tu que tu aurais aimé le film si tu avais eu vingt ans de plus ?

    Je me dis que se retrouver face à des personnages de son âge vendus comme 100% naturels, ça ne peut que hérisser. Un peu comme moi qui suis très sensible aux références culturelles. Notamment dès qu'on glisse de la philosophie dans un film, j'y vois des manières et des clins d'oeil de maquignon. Dans certains cas on adore se retrouver dans un film, être flatté par ce qu'il renvoie de nous, alors que dans d'autre cas on est facilement vexé par ce qu'on perçoit comme des tentatives de nous vendre une identité (tiens, voilà les étudiantes parisiennes aujourd'hui, label rouge) ou une pratique (vois, c'est ça la culture, c'est comme ça qu'on lit et qu'on est intelligent). On est juste au taquet sur les thèmes avec lesquels on est dans une proximité problématique, thèmes qu'un film nous vend précisement comme s'ils ne faisaient pas problème.

    Evidemment j'extrapole beaucoup, le film t'a certainement exaspéré pour d'autres raisons.


    PS : une citation de la réalisatrice : "Le film ne parle que de ça : la peur du vide." http://www.chronicart.com/webmag/article.php?id=1664

    RépondreSupprimer
  2. Oh et puis, j'ai aimé le coup d'être accueilli par une citation de Gadenne, même si ce n'était pas un 'coup' de ta part.

    RépondreSupprimer
  3. Paul Gadenne le king.
    Oui il y a sans aucun doute de cette histoire d'âge et de dégoût pour ce que l'on connait trop sans jamais s'y reconnaître mais... je ne vois pas bien où ça nous mène ni si ça doit véritablement changer quelque chose à ma critique. On ne veut même plus se défendre ou refuser un label devant La vie au ranch, il ne reste que la passivité de la victime, l'envie peut-être de vomir les dialogues et les moues qui se pensent actrices et créatrices.
    Il manque à Letourneur un problème, une nécessité, ce carburant qui est simplement indispensable au cinéma (contre-citation subliminale : "j'avais envie de montrer les filles telles qu'elles sont"), il lui manque une idée en fait, elle ne fait que de l'information, elle propage un mot d'ordre alors qu'elle devrait faire acte de "résistance" pour commencer à faire du cinéma. Elle pouvait choisir la télé.
    Si l'on veut absolument faire un film sur La Jeunesse de vraies choses sont possibles, je pense à Passe ton bac d'abord, lire la gentille terroriste Sophie Letourneur parler de la peur du vide après Pialat ça n'a que le droit d'être comique.

    RépondreSupprimer
  4. Je pense bien que c'est l'un des rares films pour lequel sa vision me fut tellement insupportable que j'ai dû couper le DVD en plein milieu. C'était trop vide, trop creux, trop superficiel, trop à coté de la plaque. Je commence à en avoir assez de ces films qui mentent sur notre génération, qui mentent sur ce qu'est la vie à vingt. Peut-être que c'est le truc, la réalisatrice était peut-être trop nostalgique d'une époque idéalisée. Pour moi ce n'est pas un film, c'est décousu, c'est chaotique, c'est du cinéma-témoin, ça m'ennuie.

    RépondreSupprimer