mardi 3 août 2010

Le cas Natalie Wood


J'aimerais qu'on m'explique ce problème de synchronisation qui fait apparaître Natalie Wood si tôt dans le cinéma américain, si tôt sur terre. Cette actrice, que j'ai appris à aimer malgré ce problème technique, a tout à voir avec les canons de beauté actuels et rien avec ceux de l'époque. On lui confie de très beaux et grands rôles sans que je ne me l'explique : elle joue très bien mais elle n'a pas ce je-ne-sais-quoi d'un peu irréel, d'incroyablement culte que possédait toutes les actrices de l'époque, un quelque chose qui se manifestait à même leur chair, à même ce qu'elles étaient. Leurs traits parlent d'elles et disent tout d'elles; et elles ne semblaient pas contre, elles sont les Aguicheuses, des images qui parfois daignent se mettre en mouvement au milieu d'acteurs. Elles subjuguaient et subjuguent encore par un mélange d'érotisme, de spiritualité toute féminine dont le caractère peut-être abstrait et incommunicable vient s'exprimer et s'épanouir dans une mode féerique et hollywoodienne qui comprend autant les tenues, le maquillage, les coiffures, qu'une certaine façon de prendre la pose sous un certain éclairage frappant les corps d'irréalité.
Natalie Wood échappe selon moi à cela, elle n'est jamais image mais toujours actrice, toujours bonne en mouvement. Elle n'atteint pas cette fixité que Marilyn peut avoir et qui la rend sans cesse en pose même quand elle est en mouvement. Je remarque d'ailleurs que Natalie a plutôt un jeu physique, souple, expressionniste et passionnel là où Marilyn, enfermée et embellie par des tenues impensables, était réduite à un jeu fixe, sans grand mouvement. Au fond elle se devait de rester une image et ne pas trop se déformer par des mouvements importuns.

Le visage de Natalie Wood n'a rien de glamoureux et n'adhère absolument pas à ce que pouvait être le maquillage à l'époque, elle gagne à être naturelle. Ce n'est pas une créature impressionnante mais une beauté citadine, une actrice pour notre époque où l'impératif pour toute actrice est d'être "comme toutes les femmes" et proche d'elles, the girl next door, pour ne pas trop les complexer. On refuse la fantasmagorie de l'image parce que l'image est trop souvent synonyme de vérité, elle a donc des devoirs de vraisemblance à remplir.
Natalie Wood n'a pas de formes plantureuses et les coupes crantées de l'époque la font ressembler à une actrice actuelle dans un film de Scorsese se passant dans les années 50. Elle est fluette, brune, bronzée, son regard est trop chaud, Marilyn avait un regard chaud mais ses cheveux froids rétablissaient un certain équilibre. Elle aurait été très bien dans un film avec Penelope Cruz, amie avec Nathalie Portman, en couple avec Tom Cruise. J'attends donc qu'on m'explique d'où vient cet anachronisme qui ne me fait même pas dire que Natalie Wood était terriblement en avance pour son époque, mais juste à côté de la plaque, démodée parce que trop en avance.
Je veux bien qu'on l'échange avec Scarlett Johansson, qui serait beaucoup plus à l'aise en plein âge d'or hollywoodien, âge d'or qui parfois me paraît être non pas un temps révolu mais un monde parallèle, autonome et qui fonctionne et produit encore...avec Natalie Wood.

2 commentaires:

  1. Photo magnifique ; c’est en regardant une photo de Natalie Wood dans les années 50 que j’en suis arrivé à la conclusion : les années 50 seraient-elles vraiment synonymes d’insouciance ?

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